Clivage en psychologie : comprendre ce mécanisme de défense et ses implications

Illustration conceptuelle du clivage en psychologie avec un cerveau lumineux

Imaginez un instant que votre esprit soit un peintre, capable de créer des tableaux en noir et blanc uniquement. C’est un peu ce que fait le clivage en psychologie. Ce mécanisme de défense fascinant, introduit par Freud et développé par Mélanie Klein, joue un rôle déterminant dans notre façon de percevoir le monde qui nous entoure. Mais comment fonctionne-t-il exactement et quelles sont ses répercussions sur notre vie quotidienne ?

Qu’est-ce que le clivage en psychologie ?

Le clivage prend la forme d’un mécanisme psychique qui tient notre réalité en deux pôles opposés : d’un côté, le bon, de l’autre, le mauvais. Cette division tranchée, dépourvue de nuances, permet à la psyché de simplifier un monde complexe et potentiellement menaçant. C’est ce qui peut potentiellement toucher les personnes atteintes d’hypersensibilité, elle peuvent ressentir cette anxiété du monde dans lequel, elles vivent. 

La notion de clivage a été étudiée sous différents angles. Freud le considérait comme un moyen de séparer des idées contradictoires afin d’éviter les conflits internes. De son côté, Mélanie Klein l’associait à une division des objets internes, permettant au sujet de se protéger en projetant ses angoisses sur des éléments extérieurs. Ce processus se déclenche fréquemment face à des situations stressantes ou traumatisantes, lorsque la réalité devient trop difficile à affronter.

Dans la vie quotidienne, le clivage se manifeste de manière subtile mais fréquente à travers plusieurs comportements :

  1. Idéalisation suivie de rejet : Une personne peut être perçue comme parfaite, puis totalement rejetée à la moindre déception.
  2. Vision extrême des relations : Chez certains enfants, l’image des parents oscille entre amour absolu et rejet violent.
  3. Simplification psychique : La tendance à classer les individus et les situations en “tout bon” ou “tout mauvais” empêche d’appréhender la complexité des relations humaines.

Ce mécanisme peut être fréquent chez les empathes sombres et reflète un besoin de simplifier la réalité en évitant les nuances, ce qui peut influencer nos interactions de manière rigide et polarisée.

Comment se manifeste le clivage dans la personnalité et les relations ?

Le clivage agit comme un filtre polarisant sur notre perception du monde. Il transforme notre vision en un dualisme radical : tout est soit entièrement bon, soit entièrement mauvais. Cette dichotomie affecte non seulement notre perception de nous-mêmes, mais aussi celle des autres et de notre environnement (exemple : accompagner une personne atteinte d’Alzheimer en fin de vie).

Dans le domaine des troubles de la personnalité, le clivage joue un rôle prépondérant. Les personnes souffrant de troubles borderline ou de narcissisme, par exemple, ont tendance à diviser leurs expériences et leurs relations de manière extrême. Cette tendance complique considérablement leurs interactions sociales et affectives.

Imaginez une relation amoureuse où votre partenaire passe du statut d’âme sœur parfaite à celui de pire ennemi en un instant. C’est le clivage qui entre en jeu, créant des connexions instables et souvent marquées par l’angoisse et la rupture. Ce mécanisme, bien qu’il serve de bouclier psychologique, maintient un certain inconscient refoulé qui entrave notre capacité à établir des relations profondes et équilibrées.

Clivage et santé mentale : quand devient-il problématique ?

Accompagnement empathique et soutien lors d'une consultation médicale

Le clivage devient problématique lorsqu’il commence à éroder notre bien-être psychologique. Utilisé de manière excessive, il peut nous priver de notre capacité à intégrer des expériences complexes et à nuancer nos jugements. C’est comme si nous portions en permanence des lunettes qui ne nous montreraient que le noir ou le blanc, sans aucune nuance de gris.

Dans certaines pathologies, le clivage prend une ampleur considérable. Les personnes atteintes de trouble borderline, par exemple, vivent dans une société où les relations et l’image de soi sont en constante fluctuation. Le narcissisme, quant à lui, s’appuie sur le clivage pour maintenir une image de soi grandiose, alternant entre l’idéalisation et la dévalorisation des autres.

Les travaux d’Otto Kernberg sur les organisations limites de la personnalité ont mis en lumière l’impact profond du clivage sur le fonctionnement psychique. Son étude souligne l’importance d’une prise en charge adaptée, en tenant compte des égards nécessaires pour éviter que ce mécanisme ne devienne le mode de fonctionnement principal de l’individu.

Une analyse détaillée de ces concepts est proposée dans Borderline Conditions and Pathological Narcissism, où il explore les liens entre le clivage et les troubles de la personnalité, notamment dans une perspective clinique approfondie.

Peut-on dépasser le clivage ? Approches et solutions thérapeutiques

Heureusement, il existe des moyens de réduire l’emprise du clivage sur notre psyché. La psychanalyse et la thérapie psychodynamique plongent dans les profondeurs de notre inconscient pour explorer le contenu des racines du clivage. Ces approches visent à rendre conscients les conflits internes et à intégrer les parties clivées du “soi” pour atteindre un équilibre psychique plus harmonieux. 

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) offre une alternative intéressante. Elle se concentre sur la modification des schémas de pensée qui alimentent le clivage. En travaillant sur ces patterns cognitifs, la TCC aide à construire une image de soi plus unifiée et stable.

Voici un aperçu des outils et ressources couramment utilisés pour gérer le clivage :

Outils et ressourcesDescription
Thérapies individuellesAccompagnement personnalisé pour explorer et intégrer les parties clivées.
Groupes de soutienEspaces sécurisés pour échanger avec d'autres sur des expériences similaires.
Techniques de pleine consciencePratiques visant à cultiver l'observation des pensées sans jugement.
Programmes psychoéducatifsFormation sur le fonctionnement psychique et les mécanismes de défense.
Thérapies de régulation émotionnelleOutils pour identifier et gérer les émotions intenses liées au clivage.
Applications et ressources numériquesOutils interactifs pour la gestion des pensées polarisantes (ex. journaux guidés).

La clé réside dans une approche thérapeutique qui permet d’identifier les déclencheurs du clivage et de travailler sur l’intégration des expériences refoulées. C’est un chemin vers un projet de vie plus équilibrée et harmonieuse.

 

Le clivage en entreprise et dans la société : quelles conséquences ?

Réunion professionnelle autour d'un ordinateur pour une discussion collaborative

Le clivage ne se cantonne pas à la sphère individuelle ; il s’immisce également dans nos interactions sociales et professionnelles, influençant notre contact avec les autres. En entreprise, ce phénomène peut provoquer des divisions internes profondes, altérant la dynamique de groupe et la performance globale de l’organisation.

 

Les médias et les réseaux sociaux jouent un rôle amplificateur dans ce processus. En diffusant des messages simplifiés et souvent polarisants, ils façonnent une réaction binaire face à la réalité, intensifiant les divisions au sein de la société. Ce mécanisme crée un cercle vicieux, où les individus recherchent des informations qui confirment leurs croyances, renforçant ainsi le clivage social et politique.

 

Il est essentiel de saisir ces dynamiques afin d’élaborer des stratégies facilitant l’intégration et le dialogue mutuel. Les conséquences économiques et sociales du clivage en font un enjeu majeur de notre époque, nécessitant une approche globale et coordonnée pour être surmonté.

FAQ

Le clivage est-il constamment un mécanisme pathologique en psychologie ?

Non, le clivage n’est pas systématiquement pathologique et ne concerne pas seulement les individus à haut potentiel intellectuel. C’est un mécanisme de défense qui peut être adaptatif dans certaines situations. Il devient problématique lorsqu’il est utilisé de manière excessive, entravant le bien-être psychologique et les relations interpersonnelles.

Bien que souvent confondus, le clivage et la dissociation remplissent des fonctions distinctes dans la psyché. Le clivage opère en scindant les expériences en catégories opposées (bon/mauvais), tandis que la dissociation se manifeste par un état de déconnexion entre différents aspects de la conscience, souvent comme un moyen d’échapper à un traumatisme ou à une angoisse intense.

Oui, le clivage est observé chez les enfants comme un moyen de faire face à des situations complexes. C’est une partie normale du développement psychologique. Avec l’âge et la maturation émotionnelle, la plupart des individus apprennent à intégrer ces expériences de manière plus nuancée, réduisant ainsi le recours au clivage.

 

Cependant, lorsque ce mécanisme demeure prédominant à l’âge adulte, il peut être un signe de difficultés psychologiques nécessitant une intervention thérapeutique.

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